Outil

le Relevé habité

Nous avons débuté cette enquête en établissant une liste d’édifices prioritaires, selon deux aspects. Le premier est leur relation à l’aléa de la montée des eaux grâce à la carte du PPRL de par les zones de déferlement de vagues et de submersion par débordement, rendant alors l’arrivée de l’eau plus violente ou durable. Le second aspect prioritaire concerne la relation entre l’édifice et l’histoire de l’architecture de l’archipel. Aucune maison du village n’étant classées ou inscrites, nous nous sommes alors basés sur l’ouvrage Architecture et Habitat, synthèse d’un congrès international sur l’architecture vernaculaire qui a eu lieu dans l’archipel. A cette liste prioritaire, nous avons fait un appel à participation sur un réseau social apprécié de l’île, et nous avons pris contact avec les propriétaires de la liste prioritaire ainsi que les personnes intéressées. (Figure 1.C.1-1) Nous tenions un tableau récapitulatif des contacts ainsi qu’un emploi du temps afin de placer l’ensemble des rendez-vous sur la semaine où nous étions présents sur Miquelon. Nous avons pu effectuer 26 entretiens dans 17 maisons du village, du 14 au 22 novembre 2021.

Les rencontres avec les habitants ont duré entre une heure et une heure trente, le plus souvent autour de la table de la salle à manger, chez les propriétaires. Nous en avons déduit que c’était une manière de nous mettre à l’aise, situation idéale pour dessiner ou remplir le questionnaire. Le questionnaire nous a permis de cadrer, dynamiser et rythmer la discussion des entretiens avec chaque habitant. Cela nous a permis de relever la parole habitante sur des sujets précis, nécessaire à notre phase d’analyse. Etant un Forms (Figure 1.C.1-2), il nous a permis de rapidement faire émerger des tendances, des points de vue sur le territoire, le village ou encore le phénomène de la montée des eaux. Les résultats ont ensuite été traités dans les semaines suivant le voyage.

La définition du panel

Afin de définir un panel représentatif des architectures du village, nous nous basons sur les travaux menés dans le cadre d’un congrès sur l’architecture organisé par le Musée de l’Arche avec le Vernacular Architecture Forum en 2003. Ces travaux synthétisés dans l’ouvrage Architecture et Habitat, définissent les aspects patrimoniaux de certains édifices.

2

Relation au risque de submersion

Ensuite, le second élément que nous avons décidé de retenir afin de définir ce panel, est la relation au risque de submersion des habitations, en fonction de la hauteur du sol, de la proximité directe à l’océan. Nous nous sommes alors basé sur le scénario n°II basé sur les donnés du GIEC.

3

Répartition du panel de 17 maisons

Appel à participation

1

Aspect patrimonial

Enfin, la participation au relevé habitat se fait au regard de l’acceptabilité des habitants à ce que nous le réalisions. C’est pourquoi nous avons également passer une annonce sur le réseau social Facebook (très majoritairement utilisé dans l’archipel).

Protocole de relevé

Où voulez que l’on s’installe ?

Objectif : Indiquer instinctivement quel espace est approprié et permet de déterminer le point de vue du relevé habité.

Où voulez que l’on s’installe ?

Objectif : Indiquer instinctivement quel espace est approprié et permet de déterminer le point de vue du relevé habité.

2

Echange & questionnaire

3

Relevés graphiques

1

Organisation d’une rencontre chez l’habitant

Enfin, la participation au relevé habitat se fait au regard de l’acceptabilité des habitants à ce que nous le réalisions. C’est pourquoi nous avons également passer une annonce sur le réseau social Facebook (très majoritairement utilisé dans l’archipel).

Synthèse des données

Interprétation typologique

Le village est composé d’architectures principalement de bois, voire de béton. L’étude du relevé habité nous a permis de différentier les architectures selon trois grandes typologies.

La première typologie vernaculaire est façonnée par les contraintes du bois entre 1816 et 1950. Maisons d’un seul niveau, les combles sont parfois aménagés. Leur largeur ne dépasse pas les six mètres, portée maximale des planches. Le plan est souvent centré sur deux pièces : les chambres et la cuisine. Un foyer est positionné au milieu de la maison de manière à diffuser la chaleur dans le reste des espaces. Historiquement, cette typologie à deux pans n’inclut pas de salles de réception ou de salon. Ils se développent lorsque l’on aménage les combles, notamment par une évolution de la forme de couverture, soit mansardés où lors de l’installation d’une lucarne en surélevant le toit. Les cloisons étaient fixées par le biais de petites fentes sous les solives en planches verticales. La trame définissait la position des murs intérieurs qui pouvaient permettre de déplacer en fonction des besoins. Les poutres étaient espacées de 90 centimètres, de manière à pouvoir y laisser échapper un escalier, qui lui aussi pouvait être déplacé si le plan de la maison changeait. L’architecture vernaculaire était donc façonnée par les contraintes du bois.

Typologie moderne

1960 - 1990

La seconde typologie dite moderne profite des avancées technologiques d’après-guerre et sa diffusion entre 1950 et 1990. Ce modèle est basé sur les propositions de la société d’hypothèque canadienne, qui vend pour un dollar symbolique de très nombreux plans. Ces constructions bénéficient d’un système de chauffage qui permet d’étendre le plan. La maison est séparée en deux parties, l’une pour la communauté et les réceptions, l’autre pour la nuit. Ces parties sont divisées par une différence de niveau appelée le « Split Level » ou le demi-niveau en français. Il oriente l’espace de vie et de nuit, mais peut aussi distinguer le salon du reste sans pour autant couper la vue. Ce concept est bien connu dans notre école à travers la villa Müller de Adolf Loos. Le socle des niveaux est fait de béton coulé sur place qui offre une cave. Les planchers et la charpente sont faits d’éléments de bois préfabriqués. Par les modèles génériques, ces maisons se diffusent et se bâtissent en grand nombre tant à Miquelon qu’à Saint-Pierre. Il n’est pas difficile de les reconnaitre. Ces typologies sont-elles aussi basées sur le matériau bois.

Typologie contemporaine

1990 - 2010

Typologie vernaculaire

1900 - 1960

La dernière, nous l’appellerons contemporaine, est moins simple à définir selon sa forme puisque le plan est le plus souvent dessiné par les propriétaires. Ils sont souvent, comme la version moderne, inspirée de dessins canadiens, modèles encore très largement répandus dans le pays, ce marché de la construction a encore un fort impact dans l’archipel. Dans tous les cas, les planchers sont faits de bois, avec lors de grandes portées des éléments en lamellé-collé ou contrecollé.

Les charpentes sont toujours faites de fermes de bois assemblées par agrafes métalliques. La différence matérielle de ces maisons est que les murs porteurs qui sont le plus souvent faites de béton isolé appelé localement « Polycrete® » qui se développe diminuant ainsi l’utilisation de la filière sèche. Il n’en reste que les habitants construisent majoritairement en bois, aujourd’hui en proie à la montée des eaux.